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      Région proche de Toulouse, l'Ariège a su rester sauvage en dehors de la route pour l'Andorre. Sans doute est-ce dû à un déficit d'image mais certainement aussi à une relative difficulté dans les voies d'accès qui se terminent généralement en dessous de 1000m, loin du but recherché. Doit-on s'en plaindre ? Certainement pas. On y croise ainsi plus de randonneurs que de plagistes, des personnes qui savent que la montagne se donne à qui sait la mériter, que la découverte  de  paysages  dans  de telles  conditions

n'en est que plus belle.  L'Ariège peut ainsi apparaître comme un sanctuaire dans la chaîne, une région préservée. Par les temps qui courent, c'est certainement l'une des plus grandes richesses.

     On peut distinguer deux principales vallées: le Couserans, lit du Salat et la Haute Ariège où la rivière passe à Foix. La séparation s'effectuant au niveau du massif de la Pica d'Estats. Ces deux sites se complètent dans le charme de l'Ariège. On ne saurait définir exactement ce qui les différencie mais une rando dans l'un où l'autre n'a pas la même saveur. Peut être le nombre plus important de lacs en Haute Ariège. Dans les deux cas, les vallées sont bien marquées et profondes. Ce qui fait que l'accès en hiver y est délicat. Il faut souvent se contenter du piémont.

          L'Ariège a derrière elle un riche passé industriel et agricole. A leurs époques glorieuses (mi XIXème), certaines vallées comme celle du Bethmale étaient peuplées de plusieurs   milliers   d'habitants. Le  Biros  avait  ses   mines, le

Couserans ses pâturages et son artisanat, Auzat sa métallurgie,... Avec de nombreux colporteurs pour transporter les marchandises d'une ville à l'autre. Par manque de compétitivité, ces vallées se sont dépeuplé pour se réduire à des villages de quelques âmes.

        L 'Ariège est souvent le berceau des premières émotions montagnardes pour les citadins, partir à l'aventure pour ressentir cette impression de liberté. Il en fut ainsi pour le Haut Garonnais Louis Audoubert qui, dans sa jeunesse, admirait la silhouette du Mont Valier. Il n'eut qu'une envie plus tard, le gravir par sa face la plus abrupte, celle qui le rend si impressionnant depuis Toulouse. Grace à cette foi qui donne des ailes, il est le premier à avoir conquis le dangereux passage du Trou Noir.

 

         Pour un toulousain, commencer par un bivouac au sommet du Mont Valier, ça vous marque forcement une vie. C'est en quelque sorte un coup de foudre à la suite duquel vous ne pouvez plus que chérir ces montagnes, ne plus leur nuire en tout cas. Sans doute la meilleure leçon d'écohumilité qui puisse  être  faite. C'est   l'une  des  raisons

fondamentales pour lesquelles la pérennité de ces lieux sauvages se révèle indispensable. 

         Quant à l'Andorre, on ne va pas s'étaler dessus. C'est un ovni dans la chaîne. Elle avait, elle aussi, un riche passé pastoral et les magasins duty-free ont commencé à faire leur apparition pour compenser le déclin démographique. On peut encore trouver quelques jolis coins mais pour combien de temps... Les dirigeants andorrans ne semblent avoir aucun scrupule et les stations de ski font des ravages.

     Comme on peut le voir, cette région souffle le chaud et le froid. Tantôt sauvage et préservée, tantôt mercantile et exploitée. Au premier abord, l'opulence andorrane peut faire de l'ombre à la tranquillité ariégeoise. Il ne s'agit là que d'une vision à court terme. Il y a fort à parier que la préservation de la nature sauvage vaudra bien plus cher que quelques cartouches de cigarettes à l'avenir...